Don de soi
Si j'avais été une nana féconde et qu'une amie m'avait demandée de devenir une "fée", car elle ou quelqu'un d'autre connaissait des difficultés à concevoir, je crois que j'aurais accepté. J'en suis sûre même.
Mais pas là, plus maintenant.
Remarquez, aucune amie ne me demande de le faire. Mais ça m'aurait bien plu de le faire simplement pour toutes les femmes de France qui galèrent et qui n'ont d'autres choix que de bénéficier d'un don d'ovocyte pour avoir la chance d'enfanter.
Seulement, je ne pense pas être la meilleure candidate qui soit, avec mes ovaires OPK qui déconnent et surtout quand on sait que même avec une stim pour FIV, je suis capable de ne produire que 2 ovocytes matures ! Quelle récolte messieurs, dames !
Ensuite, de façon beaucoup plus égoïste, j'ai déjà fait subir 13 traitements à mon corps. Je l'ai fait, car tenir Louise dans mes bras aujourd'hui est la plus victoire qui soit. Mais que sait-on exactement des conséquences de ces traitements ? Rien, je pense.... Alors pour le moment, je préfère essayer de limiter la casse en subissant le moins de traitements possibles...
Il reste cependant d'autres façons de faire don de soi.
Et si ce n'est pas pour aider les personnes infertiles, ça peut être pour aider les malades de cancer, les brûlés, les femmes qui viennent d'accoucher, etc....
Il s'agit notamment du don du sang.
J'avais pris l'habitude de m'y rendre régulièrement "avant".
Avant les essais bébé, avant les traitements, avant la FIV, avant la grossesse, avant l'accouchement. Parce que ces moments-là ne me semblaient alors pas être la meilleure période pour aller donner son sang. Outre le fait que c'est interdit pendant la grossesse, je ne souhaitais pas mettre en danger un éventuel début de grossesse en donnant mon sang pendant les essais bébé. Je ne suis pas sûre non plus qu'on soit acceptée pendant les traitements et de toute façon, je me sentais trop fatiguée.
Il faut attendre 6 mois après un accouchement pour avoir le droit de donner son sang.
Mercredi, cela faisait 7 mois.
Mercredi, l'Etablissement Français du Sang passait dans ma commune.
Mercredi, je suis retournée donner mon sang.
En voyant la date du dernier don (novembre 2005), le médecin m'a demandé pourquoi je les avais "laissé tomber" depuis 5 ans. Je n'ai pas eu le temps de répondre : il m'a regardé dans les yeux et m'a demandé "maternité ?". J'ai répondu que oui et que mon accouchement datait de 7 mois à peine.
Il m'a proposé le don de plasma. Une grande première pour moi. Bien sûr j'ai accepté, même si cela durait plus longtemps et que j'allais du coup arriver avec une heure de retard chez la nounou.
J'ai aimé pouvoir faire ce don - pouvoir y retourner.
C'est tellement simple, si facile. C'est à la portée de n'importe qui. Ca prend peu de temps, ça n'est pas contraignant.
Et ça sauve des vies.
Le besoin en sang, plasma et plaquettes est si important. Chaque jour....
Mercredi soir, j'ai cherché ma fille en retard, je me suis sentie fatiguée (j'ai fait une hypocalcémie pendant le don de plasma - très bien traitée par un apport express en calcium à la fin du don), mais j'étais heureuse de me coucher en pensant que mon plasma allait soigner des grands brûlés ou des hémophiles....
Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai réussi à convaincre aucune personne de mon entourage (sauf mon chéri qui essayera de m'accompagner la prochaine). Mais si ces quelques lignes peuvent vous donner envie de tenter l'expérience et de vous rendre à la prochaine collecte dans votre ville, j'en serais plus qu'heureuse.
Un geste simple, des vies sauvées.... Ca en vaut la peine, croyez-moi.